- Fin de la formation!
Sardha essuie d'une main la sueur qui lui dégouline sur le front, et rentre directement dans sa cabane. Qui est devenue sa cabane, après avoir été la leur, après avoir hébergé tant de nuits et de journées de bonheur... Sa cabane à elle toute seule. Soit.
Elle lance son arme sur le lit, se débarasse avec un soupir des vêtements trempés par la sueur de l'effort et de la chaleur de cet été. Les muscles qu'elle sent jouer dans ses bras la font sourire. Les courbatures, moins.
Je deviens capable de me battre...
Elle se dirige vers le bassin rempli d'eau, rafraîchit son corps fatigué avec des gestes lents. Ce corps qu'elle est la seule à effleurer. Soit. Elle s'enveloppe dans une serviette, s'allonge sur le lit à côté du pacificateur, les yeux perdus dans la contemplation du plafond.
Je deviens plus forte, oui... Mais ce n'est pas assez.
Est-ce que cela le sera un jour?
Si à l'époque de l'attaque je... Non, ça n'aurait rien changé. Ou peut-être que si?
Comment le savoir? A quel point aurait-elle dû être douée en combat pour pouvoir éviter ça? Pour pouvoir les empêcher d'entrer et de saccager un rêve, pour défendre les siens, pour les protéger?
S'ils reviennent...
Ceux-là sont morts, mais d'autres peut-être, un jour, pourraient menacer à nouveau la cité pour laquelle elle a le sentiment d'avoir sacrifié la vie de Ikks. N'était-ce pas elle, après tout, qui avait tenu à rester? Si elle avait accepté d'abandonner El-Gandjah à d'autres, peut-être serait-il toujours là, à ses côtés. Mais elle avait payé ce prix, inconsciemment. Alors ne pas la perdre aujourd'hui, ne pas voir anéantie la cité qu'elle a vue s'élever et grandir, la cité qu'elle a cru voir mourir...
S'ils reviennent, je me battrai.
Cela n'y changerait rien. Elle n'est pas assez forte, encore.
S'ils reviennent, je mourrai peut-être.
Serait-ce un mal?
Sans doute pas.
Sans doute pas.