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 Une dernière lune d'hiver.

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Sardha

Sardha


Nombre de messages : 649
Localisation : El-Gandjah
Date d'inscription : 02/12/2005

Une dernière lune d'hiver. Empty
MessageSujet: Une dernière lune d'hiver.   Une dernière lune d'hiver. EmptyLun 13 Mar à 21:41

J'ai bien veillé à l'état des réserves. Tout le monde a mangé et bu, un vrai banquet. La vaisselle a échoué à quelques zombies, et je suis partie guetter ma radio, au cas où. Cette menace me pèse sur l'estomac, et tu le sais.

J'ai voulu que tu partes, tu as refusé. Tu serais plus en sécurité à Bourg-Tonkul, bien mieux défendue, mais puisque je veux rester entre mes murs... tu seras avec moi. Je tourne machinalement les boutons de la radio, tant de gens à contacter, d'autres à évacuer... Débordée, je ne te vois même pas quitter la pièce. Et soudain le cri de Gwen retentit : "Zagaldal, trois lieues sud!" Zagaldal? Déjà? La panique me gagne. Je préviens les autres, nos amis, l'état d'alerte est déclenché, ils s'approchent... Tout ce bruit aux portes, déjà?

Quand je sors enfin, je me plaque précipitamment contre le mur. Zagaldal, devant moi. Et cette odeur... Cette terrible odeur! Je ne veux pas qu'ils fouillent notre communauté, je ne veux même pas qu'ils soient là! Sans réfléchir, je me précipite en cuisine. Où sont tous les autres? La dernière expérience culinaire de Neshi me revient en tête, Neshi, que j'ai fait partir en catastrophe, il y a à peine quelques heures... Sans hésiter, sans même me rendre compte du ridicule de la situation, j'empoigne le sac de maïs, et je le verse dans le feu.

Le bruit du maïs explosant est assourdissant. Je plaque mes mains sur les oreilles, guettant par la fenêtre ces grands guerriers en déroute, battant en retraite sous le coup de la surprise. En courant moi aussi, je referme les portes derrière eux. Ils sont dehors. Je les ai sorti de la comm! J'éclate de rire, un rire immense qui me fait mal au ventre et me fait monter les larmes aux yeux. J'ai viré Zagaldal avec du pop-corn!

"Ikks! Ils sont dehors!". Je réussis à t'appeler entre deux fous rires. Seul le silence me répond. J'essuie nerveusement mes yeux, je me redresse, et fais quelques pas.

"Ikks? Tu as vu ça! Ce n'était pas à la machette, mais tout de même, ce n'était pas mal, non? Ose encore dire que je ne fais pas peur!"

Pourquoi est-ce que tu ne me réponds pas, mon amour?

"Dis donc, espèce de trouillard, tu t'es planqué dans un coin ou quoi? T'es où?"

Je commence à avoir peur. Ce silence me fait mal, j'ai l'impression d'être seule, trop seule. Tu ne devrais pas me laisser comme ça dans un moment pareil. Mes yeux se posent sur un cadavre défiguré, et j'étouffe un hurlement. Complètement brûlé. Qui était-ce? Je panique, mais ce n'est pas toi. Qui était-ce? Impossible à dire. En vacillant, je reprends mon chemin. Je t'appelle sans arrêt, Ikks. Qu'est-ce que tu fais? Ils sont juste aux portes, ils reviendront, et des gens sont morts ici, des gens qui vivaient avec nous... Pourquoi tu me laisses comme ça?

Mon pied bute alors sur un bras. Sans y réfléchir, je hausse la voix.

"Arrête tes conneries, crétin... Tu te crois drôle?" Maussade, je t'expédie un léger coup de pied. Tu ne réagis même pas.

"Ikks... Arrête. J'ai croisé un corps là-bas, je ne sais pas qui c'est. Viens m'aider. Il faut prévenir les autres, Zag recommencera, tu sais... Je ne peux pas assumer ça toute seule, j'ai besoin de toi. On a du boulot." Ma voix commence à trembler, et je m'agenouille à tes côtés. Je t'appelle encore, comme je n'ai jamais cessé de t'appeler, depuis toujours. Je n'ai jamais appelé que toi.

Prise d'une impulsion soudaine, je te saisis le bras, et te retourne pour que tu me fasses face.

Pour la première fois, tu ne souris pas en me voyant.

Quand je te lâche, tu t'effondres à nouveau sur le sol. Je n'avais pas remarqué la tâche rouge sur ta poitrine. C'est étrange, une poitrine inerte. J'ai passé tant de nuits à la contempler, à la regarder se soulever et s'affaisser doucement, en me disant béatement que tu étais en vie, et que c'était merveilleux.

Je n'ose plus te toucher. Je te regarde, une main plaquée sur la bouche, le coeur battant la chamade. Même pas une larme dans mes yeux. Ca ne peut pas être vrai. Tu ne peux pas m'avoir abandonnée. Pas maintenant! Pas déjà! Tes yeux vides de toute lumière ne fixent rien. Cette fleur rouge sur ta poitrine... Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qui se passe ici?

Les minutes qui viennent de s'écouler m'ont paru des heures. Une radio grésille, quelque part. Je me relève, m'empare du micro, et articule distinctement "Ikks est mort". Ca ne veut rien dire, ça ne sonne pas bien. Je le répète une deuxième fois, puis je lâche le micro. Ca n'a pas de sens.

Dehors ils me crient qu'ils reviendront, et que ce sera différent. Je réponds que je les attends. Que je suis prête. Je te rejoins. Tu n'as pas bougé. Bien sûr que tu n'as pas bougé, quelle idiote je fais. Bien sûr.

A la radio, Rob me demande où est ton harmonica. Il a raison, où peut-il être? Je ne le vois pas. Soudain c'est devenu la chose la plus importante du monde: le récupérer et te le rendre. Je t'allonge convenablement sur le sol, et j'observe. Zagaldal. C'est lui.

Je lui crie de me le rendre, et il ne prend même pas la peine de me répondre. Pourquoi? Il le récuperera sur mon cadavre à moi. J'ai bien le droit de le reprendre un peu, cet harmonica. C'est le tien, après tout. Rob te l'avait offert. J'insiste, mais sans succès. Je réessayerai demain.

Je t'ai traîné jusque chez nous. Je me suis finalement décidée à te fermer les yeux. Je me suis allongée à tes côtés, mon amour, une dernière fois, mais je n'ai pas pu fermer l'oeil. Tu as si froid, et mon corps contre le tien ne parvient pas à te réchauffer. Tes bras ne me serrent pas, bien sûr... Bien sûr.

Ma radio grésille encore, ce matin. Des messages de gens qui parlent de vengeance, de condoléances, d'actions. Ils sont gentils, tous. Mais je crois que je m'en fous. Je crois que je suis morte.

Pourquoi tu m'as laissée? Quand j'aurai recouvert ton corps de terre, il ne me restera plus que nos souvenirs. Est-ce que je suis condamnée à t'oublier? Est-ce que je suis condamnée à me réveiller sans toi, chaque matin? Pourquoi je me réveillerais encore, alors?

Zag est devant les portes. Je l'attends. Il y a des cadavres partout. Je ne les ai pas tous identifiés. L'odeur est horrible. Horrible.

Et tes bras ne me serrent pas. Bien sûr. Bien sûr...
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