Le projet de Flapboum

Flapboum a écrit:: Le jeune homme grand et maigre arpentait les rues de la communauté, portant une petite caisse en bois grossier dans les bras.

Il semblait chercher quelqu'un. Lorsqu'il aperçut Sardha, il la héla et avança vers elle d'un pas enjoué. Il affichait un air

mystérieux et semblait assez content.
"Dis-moi, Sardha, est-ce que je pourrais utiliser l'atelier quelques instants? Je sais que tu en es un peu responsable...
J'ai eu une idée géniale, mais je ne vais pas te dire tout de suite! Je sais que je ne suis pas très adroit en travaux manuels,

mais je pense que personne ne saisira ma pensée précise, alors je vais le faire moi-même. J'utiliserai les rechutes

inutilisables du fer que j'extrais, j'en avais mis de côté au cas où.
Alors, dis, je peux, hein? je peux?"
Il avait l'air tout excité et attendait impatiemment la réponse.

Sardha a écrit:: Sardha parut soudainement inquiète. Tout ça sentait encore les emmerdes à plein nez. Elle jaugea rapidement Flapboum du regard. Ses capacités artisanales devaient être totalement nulles. Tout juste s'il était capable de différencier sa main droite de sa main gauche...

Cependant il s'agissait de Flapboum, pas de n'importe qui. Le cheminement de sa lutte intérieure pouvait se lire sur son visage... C'était Flapboum, mais c'était aussi son atelier, et un beau bordel en perspective. Finalement, au prix d'un énorme effort sur elle-même, elle dit avec difficultés:

- Bien sûr... Tu peux utiliser l'atelier. Pas de problèmes!

Elle ne put s'empêcher d'ajouter précipitamment les recommandations d'usage.

- Mais fais attention aux outils que tu ne maîtrises pas, remets en place tout ce que tu auras utilisé, ne te blesse pas avec les lames, si tu te blesses quand même va voir Shen pour qu'il soigne ça, ne mets pas de sang partout, fais gaffe à la porte, elle se bloque parfois, si elle se bloque ne hurle pas et sors par la fenêtre mais sans la briser, si tu brises la fenêtre quand même et que tu te coupes avec les bris de verre va voir Shen pour qu'il te soigne, si tu ne trouves pas Shen va voir Klint, et surtout, surtout, ne joue pas avec le souffre, évite les pièces de fusil, et ne touche pas aux armes, ne touche SURTOUT PAS aux armes!

Elle s'arrêta, à bout de souffle, et le dévisagea d'un air plus qu'inquiet.

- Mais de toute façon, tout va bien se passer, hein? Pas vrai?

Elle tenait visiblement à être rassurée... A en croire la façon dont sa main se serrait convulsivement autour de sa machette.

Flapboum a écrit:: "Super, merci! Au fait je vais sans doute faire un tour à la forge aussi... mais bien sûr y'aura aucun problème!"
Sans attendre, il partit en courant, la caisse sous le bras qui semblait contenir pas mal de ferraille et émettait un joyeux boucan.

Les heures passèrent. Flapboum faisait en sorte que personne ne puisse voir son travail avant qu'il soit achevé.
On pouvait seulement l'aperçevoir de dos, très affairé; il ne semblait pas si maladroit qu'il en avait l'air.
Il sortit enfin, en nage mais triomphant, portant sous le bras un objet enveloppé dans une étoffe, et sa caisse ouverte, vide, tenue juste par le bord dans l'autre main.
"- Mes amis, le plus dur est fait", dit-il aux curieux qui s'étaient rassemblés pour le voir sortir.
Il était couvert de suie des pieds à la tête (plus que d'habitude), ses mains et ses bras étaient couverts d'écorchures mais il ne semblait pas s'en incommoder.
Il se déroba rapidement à la foule. On le vit passer avec une vieille peau de bête sur le dos, puis il disparut à nouveau. A la nuit tombée il n'était pas revenu.
Au fond de sa caisse en bois qu'il avait laissée devant l'atelier, on pouvait encore voir quelques copeaux de fer...

Flapboum a écrit:: Flapboum s'était empressé d'exploiter cette lune pour achever son oeuvre mystérieuse...
Il aimait faire durer le suspense. Nul ne savait si il se trouvait dans les profondeurs de sa grotte ou bien sur les hauteurs inconnues de la si haute *hum hum* colline surplombant El-Gandjah. A l'aube cependant, on l'entendit chantonner, accompagnant un bruit assez peu discret de martèlement.
Comble de malchance, il termina juste alors que les curieux arrivaient à sa hauteur. Ils étaient de plus en plus nombreux, se dit-il, et cette constatation l'emplissait de contentement. Il se sentait important.
Il prit le chemin du bar, son paquet toujours enveloppé d'étoffe sous le bras... Son sourire se faisait de plus en plus mystérieux.
Arrivé sur les lieux, il posa son paquet, prit un tonneau, et conservant habilement son équilibre (il n'avait pas bu d'anisette depuis plusieurs jours) il s'adressa à tous et toutes:

"-Mes amis, vous voici réunis devant moi! Je suis amusé de voir combien mon travail a attisé votre curiosité... Je vais aujourd'hui vous dévoiler mon chef-d'oeuvre!"

D'un geste théâtral, il souleva le drap qui recouvrait la chose.
Le soleil, encore bas, révela un objet cylindrique, d'une couleur métallique aux reflets bleutés et de la taille d'un petit tabouret, sur lequel était tendu au moyen de nombreux clous un cuir tanné. L'instrument était orné de gravures finement ouvragées, ce qui, venant de Flapboum, représentait un travail surprenant d'habilité et de patience.

"-Là d'où je viens, on appellait ça un Derbouka. J'en avais un semblable quand j'étais enfant, ma soeur me l'avait rapporté d'une contrée lointaine..."
Son regard se fit songeur et se perdit dans le vide.
Il coucha le Derbouka à même le sol et s'assit dessus, puis, comme si il avait fait ça toute sa vie, se mit à jouer.
Il ne savait plus depuis combien de temps il jouait... il avait perdu la notion du temps et, plongé dans une sorte de transe,
ne remarquait plus la réaction des autres...

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