Et puis après.....

Nombre de messages : 356 Date d'inscription : 03/12/2005

Maylis a écrit:: Dans le ciel, nous voulons être l'oiseau à une aile. Sur terre, nous voulons être deux branches accolées. Le ciel est éternel, la terre immortelle, mais les choses éphémères. L'oiseau à une aile est une créature légendaire. Oeil contre oeil, aile contre aile, le mâle et la femelle volent toujours accolés.

La chaleur de tes bras ; les mots doux de ta voix ; ton amour sincère ; peut-être est-ce doux, peut-être est-ce rassurant. Je sens maintenant les battements de ton cœur lorsque je m’approche ; les miens s’accélèrent, en as-tu conscience ?

Et si on s’envolait, et si l’on planait accolés, et si plus rien autour n’existait, et si même le temps s’était arrêté…
Est-ce ce que l’on appelle Amour ?

Elle avait hésité, bien sûr. Mais elle n’avait pas pu lui parler en face. Dans son journal, elle avait noté ces quelques lignes ; puis elle avait posé la page sur le lit de Neshi. Et elle était repartie, dans un coin isolé de la communauté, le seul endroit assez agréable qu’elle avait pu repérer. A lui de la trouver…

Neshi a écrit:: Neshi venait de rentrer lorsqu'il découvrit un mystérieux ouvrage étalé sur son lit. Surpris, il resta quelques instants perdus dans ses pensées. Il savait en son for intérieur qui l'avait déposé ici.......

Neshi avait décidé de faire une ballade dans Bourg Tonkul afin de se vider l'esprit, trop de choses nouvelles s'étaient produites en si peu de temps et Neshi en avait cruellement besoin pour assimiler les évènements. Le soleil déclinant et les vapeurs acres du pétrole avait jetés des couleurs chatoyantes ainsi ques des ombres dansantes sur Bourg Tonkul, cela conférait à la ville un aspect presque attirant. Mais la ville était ce qu'elle était, et même le plus éclatant des soleils ne parviendrait pas à faire oublier son histoire.

Toujours perdu dans les méandres d'un labyrinthe de questions, Neshi se décida à bouger et à lire les quelques pages qui s'offraient à lui. Pourtant, il redoutait ce qu'il pourrait y trouver.

Son coeur s'emballa lorsqu'il toucha les premières feuilles. Elles étaient rêches et crissaient sous les doigts de Neshi.

A la lecture des premières lignes, les doutes ainsi que les peurs de Neshi s'envolèrent : c'était ce que Maylis n'osait lui dire, ce qu'elle n'osait montrer. Elle lui clamait son amour.
Neshi prit grand soin à la lecture de ces pages : il caressait littérallement les pages car elles représentaient pour lui ce qui existait de plus beau et de plus précieux au monde. L'Amour.
Ayant fini sa lecture, Neshi ne put oublier une phrase du texte de Maylis: "Est-ce ce que l’on appelle Amour ? ".
Cette phrase tournait dans sa tête.
Depuis qu'il avait rencontré Maylis, il s'était éveillé à ce que tout le monde ici bas appellait l'amour.....il était bien décidé à le lui faire découvrir également......

Quelques instants suffirent à Neshi pour se retrouver sur le pas de sa porte, à scruter l'horizon, en quête de son aimée.
Le soleil était encore plus bas dans le ciel. A présent ses rayons dessinaient des volutes rougeoyantes dans les vapeurs suffocantes de la cité, avec qui ils dansaient malicieusement.
Cette scène le renvoyait quelques mois en arrière, à El-Gandjah. Les couleurs du ciel, les nuages bas.....tout lui rappelait cet endroit magique, où il fit découvrir à Maylis la beauté de l'horizon par dessus le désert.
C'est à cet instant qu'il sut où la trouver. Etait ce par pur hasard ou bien est ce l'amour qui guidait ses pas, on ne le saura jamais.

Quelques collines dessinaient l'arrière plan de la ville, de là-bas on pouvait aisement voir le désert et les montagnes environnants Bourg Tonkul. Tout cela faisait cruellement penser à El-Gandjah. C'était là-bas qu'il la trouverait, il en était sûr.

Neshi se dirigea donc vers ces collines, et à mesure qu'il avançait le paysage semblait engloutir tout son être, pour ne plus faire qu'un.
Arrivant enfin en haut de la plus hautes colline, il la vit.

Maylis était adossé à un arbre et fredonnait un chant dans une langue inconnue de Neshi : sa voix était douce et mélodieuse.
Neshi laissa cet instant durer afin d'en profiter.

Maylis était se blotissait contre l'arbre, les jambes repliées. Elle l'attendait.

Au bout de quelques instants, Neshi rompit le silence:

-Je savais que je te trouverai ici : tout est presque comme sur la corniche où je t'ai fait monté il y a quelques mois.

Maylis s'était retournée vers lui, le fixant de ses yeux d'un brun profond.
Le soleil achevait sa longue descente vers l'horizon, dardant ses rayons ardents autour de Maylis, la rendant encore plus belle aux yeux de Neshi. Ils se fixaient droit dans les yeux l'un l'autre, attendant que quelqu'un vienne briser ce silence.

Ne savant quoi dire sur l'instant, Neshi se rappprocha de Maylis, afin de s'assoir auprès d'elle. Il caressa du regard son visage avant de prendre la parole.

- Est-ce ce que l’on appelle Amour.......Cette phrase que tu as écrite m'es restée gravée en mémoire. Je....je crois que c'est cela.
Depuis la première fois où je t'ai vu, mon coeur n'as cessé de battre pour toi, tu es celle pour qui je donnerai tout. Je serai prêt à faire n'importe quoi pour pouvoir être avec toi........

Finissant cette phrase, Neshi glissa sa main sur le doux visage de Maylis. Des larmes embuaient ses yeux.

.......Je t'aime Maylis, je t'aime plus que tout au monde.

Lâchant cette phrase, Neshi ne put contenir ses larmes. Elles ruisselèrent sur joues.

Maylis, quand à elle, n'était pas en reste. L'émotion la gagnait elle aussi.

Au bout de quelques instants, ils s'étreignirent. Les coeurs battaient en rythme, comme s'ils en avaient été décidé ainsi bien longtemps auparavant.

Nombre de messages : 238 Date d'inscription : 27/12/2005

Pendant quelques minutes elle était restée songeuse, se demandant si vraiment elle avait bien fait. Les hommes fuient, souvent… Assise à même le sol, observant silencieusement la tombée de ce soir de printemps, Maylis avait baissé les yeux ; face à elle-même, attendant patiemment le verdict de l’impact qu’avaient eu ses mots, dans son journal. Si elle baissait les paupières, elle pouvait toujours voir les couleurs que dessinait le ciel, au-dessus d’elle. Du bleu. Encore clair au loin, plus foncé par ici. De l’orangé, du rose, et même du rouge. Celle qu’elle associait depuis toujours à la couleur du sang ; le ciel voulait-il prévenir de quelque chose ? Ou bien leur indiquait-il de ne pas oublier ? De ne jamais oublier…

Elle l’avait senti arriver. Malgré tout elle n’avait pas tourné la tête. Sa voix s’était essoufflée, jusqu’à n’être plus qu’un murmure, pour enfin s’éteindre et laisser volontairement la parole à Neshi. Ce qu’il fit après un court silence. Elle ne détachait plus son regard de son visage, espérant être rassurée ; bien sûr, il savait qu’elle avait peur. Peur de lui en quelque sorte, peur des sentiments qu’elle éprouvait peut-être ; peur de s’avouer que ce n’était pas peut-être. Peur d’être de nouveau confrontée à cette situation où la vie de quelqu’un d’autre vaut bien plus que la sienne propre. Elle retint les larmes qui perlaient dans ses yeux foncés, comme elle l’avait toujours fait. Mais visiblement, il n’était plus temps de faire comme elle l’avait toujours fait.

Mêlée à celle de l’air, la chaleur de l’homme. Maylis la sentit, s’y logea, s’en imprégna. Un simple contact et elle se sentit vidée de toute autre pensée, de tout autre souci. Elle lâcha Neshi au bout de quelques instants, baissa la main, et traça quatre mots dans le sable, non sans quelques difficultés. Tha ghoal agam ort.

- Je t’aime… ça veut dire je t’aime…

Elle aurait pu lui dire de plusieurs façons, en le murmurant, en le criant si elle avait voulu que tous l’entendent ; mais elle l’avait simplement regardé dans les yeux. Simple et sincère, contrairement à ce qu’elle avait été jusque là.

- Tha ghoal agam ort.

Quelques mots et les autres devenaient inutiles. Délicatement, elle approcha son visage du jeune homme, et déposa sur ses lèvres un baiser qui scellait ses paroles, qui scellait son amour.

C’est incroyable la force que certains sentiments peuvent avoir. La haine fait des gens des meurtriers, la tristesse en fait parfois des fantômes ; mais le plus fort est certainement celui-là, celui qui leur donne l’impression que plus rien ne peut arriver, celui qui fait que l’on se sent invincible, celui qui donne notre vie à une autre, celui qui assemble deux êtres, celui qui offre le bonheur. Ravageur quelquefois, mais si extraordinaire souvent.

Maylis posa sa tête sur l’épaule de Neshi, en regardant toujours la nuit poser son voile sur eux. Ils étaient seuls dehors. Mais surtout, en ce moment, ils pourraient être seuls partout. Il ne faisait pas totalement noir, mais les étoiles faisaient déjà leur apparition. Juste au-dessus de la plus haute montagne, l’une d’entre elle brillait plus fort que les autres. La jeune celte la fixa intensément, répétant dans sa tête deux phrases : « Le voilà Père, comme promis ; celui qui prend la relève, celui qui sait qui je suis, comme toi ; il veillera sur moi comme toi tu le fais. Tha ghoal agam ort. »