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 Là où tu es

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Sardha

Sardha


Nombre de messages : 649
Localisation : El-Gandjah
Date d'inscription : 02/12/2005

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MessageSujet: Là où tu es   Là où tu es EmptyMer 15 Mar à 0:10

Première partie de la vie de Sardha... Ecrite pour Ikks, à l'époque de l'exil à New Napoli. Enjoy! ^^

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai parcouru le désert... Il y a longtemps... Bien longtemps que l'odeur du sable m'accompagne. Je ne me souviens pas d'un crash, d'un avant différent, d'un éclair de lumière ou je ne sais quoi. Et au fond, je m'en moque. Le monde a toujours été pour moi tel qu'il l'est aujourd'hui... Alors le pré-crash, quelle importance?

Mon plus ancien souvenir concerne mon père. Terrence Campbell était un homme comme il y en a peu, qui présentait ce mélange savamment dosé de douceur et d'autorité, de naïveté et de culture. Je le revois tenant ma main minuscule, m'apprenant à progresser dans le désert en ignorant les zombies, en évitant les voyageurs et en se protégeant des intempéries. Je le revois me construire des jouets avec quelques bouts de bois et un peu de fil de fer. Je revois son sourire confiant en l'avenir, toujours, quand je repense à lui. J'ai vécu une enfance paisible, au fond. Maman n'était pas là (où était-elle? me l'a-t-il jamais dit? je ne le pense pas) mais papa prenait soin de moi. J'étais heureuse.

Il m'a appris à écouter mes mains, à les regarder créer, dessiner, construire et assembler. Sans même que je ne m'en rende compte, il m'enseignait le métier d'artisane. Ses mains à lui étaient une musique, une symphonie, quand elle semblaient animées d'une vie propre en s'agitant autour d'un peu de ferraille, faisant naître des fleurs de fer sous mes yeux émerveillés. Les mains de mon père... ce sont toujours elles qui me guident.

Tout a une fin, et souvent elle survient bien trop tôt... Terrence Campbell n'était pas un vaillant combattant. Pourquoi aurait-il appris à se défendre, lui qui évitait tout le monde et ne désirait que vivre en paix auprès de sa fille? Il ne représentait pas une menace... Je n'ai même pas vu le visage de son assassin. Je m'étais éloignée, bien décidée à créer moi aussi quelque chose digne de ses leçons, à l'abri de son regard curieux. J'étais plutôt fière de ma fleur de métal, et c'est le sourire aux lèvres que je suis revenue. Je suis repartie la rage au ventre, après avoir enterré son corps mutilé, et dressé une croix de bois sculptée tant bien que mal... Les larmes m'aveuglaient. Avec le recul, je pense qu'il devait s'agir d'un bien piètre travail.

C'est donc sans provision, égarée, le coeur en lambeaux, que j'ai commencé mon chemin de solitude. A peine deux lunes plus tard, j'arrivai au bord d'un cours d'eau, sur laquelle se trouvait une petite communauté, au joli nom de Sylvery Moon. Peu désireuse d'établir un contact, mais bien décidée néanmoins à continuer ma progression, je leur demandai de l'aide pour traverser... Leur réponse fut rapide. "Tu n'es pas une mauvaise artisane... Mais tu mourras, seule dans le désert. Pourquoi ne pas rester un peu avec nous?" Pourquoi pas, en effet... Je n'étais pas en état de refuser. C'est ainsi que, sans trop comprendre ce qui m'arrivait, je rejoignit les hommes... Ils me confièrent le poste d'ingénieur chef, à moi qui n'avait jamais adressé la parole à personne d'autre que mon père, à moi qui ne savait même pas ce que signifiait "ingénieur"...

La chef de cette communauté s'appelait Baby Belle.

Mais mon temps au Sylvery Moon fut bref. Au bout de deux ou trois lunes, Baby Belle nous apprit dans un discours pressé que des "dragons noirs" arrivaient, accompagnés de "Mamy Gwaï". Plus que le terme de dragon, pourtant effrayant à mes yeux, c'était cette Mamy Gwaï qui semblait lui faire peur... Elle nous ordonna de partir sur le champ. Un homme nommé Perc me prit sous son aile, et sans un mot nous partîmes. Je n'avais aucune idée de l'endroit où j'allais, je ne savais pas pourquoi je fuyais: j'avançais, inlassablement, jusqu'à l'épuisement.

Au bout de quelques jours, Perc observa que j'étais bien silencieuse... Vu les reproches que je lui ai asséné en réponse, il a dû bien le regretter. Tout y passa: les mystères qui entouraient notre fuite, son comportement, la fatigue, bref tout ce que je ne comprenais pas de ce monde qui venait, si peu de temps auparavant, de m'ôter l'amour de mon père. C'est sous un feu nourri d'accusations et de plaintes que nous arrivâmes à Mineral Circus.

Que dire de cette communauté? Encore une fois, je n'étais que de passage. Ils n'avaient pas de travail pour moi. Enorgueillie par mon poste précédent, la simple idée de ne même pas diriger un groupe me hérissait. J'avais découvert que j'aimais donner des ordres, et je me savais capable dans ce domaine. Je somnolais toute la journée, enveloppée dans ma mauvaise volonté. Mais on me prévint rapidement qu'une communauté, à l'est, avait besoin d'artisans pour se développer. Une ville au nom imprononçable de Steinbrecher Stadt. Je fis mes bagages sans regret, et partis le plus vite possible... Non sans avoir salué Perc. Perc... je n'ai jamais su ce qu'il était devenu.

Parler de Stein reste douloureux, aujourd'hui encore, alors que cela fait longtemps, si longtemps... Je n'y ai pas vécu longtemps. Je ne parlais toujours pas beaucoup. Mais c'est là que j'ai été à nouveau heureuse... du moins presque heureuse. J'ai appris à écouter les autres vivre. J'ai aimé ces murs. Je m'y sentais en sécurité, pour la première fois depuis le début de mon voyage. C'est là, au pied des montagnes, que j'ai pu faire mon deuil, et tenter d'accepter la mort de mon père. C'est là que j'ai essayé d'apaiser ma soif de vengeance et mes rêves de sang.

J'ai appris beaucoup d'Enzo Bloupar... Mon premier maître artisan. Le seul, d'ailleurs. Les journées étaient paisibles. J'étais si bien... Il y eut une menace d'invasion, que je ne pris pas au sérieux, indifférente aux malheurs possibles. J'en avais déjà assez vu, du moins je le croyais. C'était les dragons noirs... Mais finalement, ils repartirent. Tout le monde respira plus librement. Les plans de résistance furent oubliés, et les projets reprirent de plus belles.

Je ne me souviens plus, exactement... Quand Momo brûla-t-elle Stein? Etait-ce longtemps après? Sans doute pas.

Connaissez-vous l'odeur de l'incendie ravageant vos rêves de paix? C'est elle qui me réveilla, cette nuit-là. Cette odeur s'infiltre partout, elle s'insinue sournoisement dans tous les interstices, toutes les failles, elle imbibe la terre et pollue l'air... On ne se doute pas, quand on dort contre des murs bien solides, qu'ils peuvent brûler aussi facilement. Et comment croire que le toit qui abrite votre sommeil peut en un rien de temps n'être plus que cendres? Il me restait de l'espoir et des certitudes... Mais Momo, ce jour-là, a brûlé bien plus que Steinbrecher Stadt. Autour de moi, partout, des gens hébétés. L'air bouillant, et la cendre qui vole... des messages de détresse, des conseils, des consignes, des gens,et cette odeur! Pourrais-je me débarasser un jour de cette odeur?

Quelques lieues vers le nord, ahurie, aveuglée, avant d'être rappelée à la raison par je ne sais qui. On me dirigea vers une autre communauté. Dans la cohue, quelqu'un me donna une machette. Qui était-ce? Pourquoi le fit-il? On me bouscule, me presse d'avancer. Tapie dans la plaine, apparemment indifférente à la tragédie qui venait de se jouer: Galdorane. J'y entrai sans même relever la tête, le visage toujours noirci par la fumée.

L'impression était fausse: Galdorane était en ébullition. Partout des coursiers tâchant de secourir les rescapés, d'apporter de l'eau, des vivres, des médicaments... J'aimerais les suivre, aider moi aussi ces hommes pressés, mais épuisée par l'émotion je ne peux que m'endormir.

Pas une fois je n'ai pleuré.

Le souvenir des premières lunes passées à Galdorane reste confus. Je rasais les murs, trop découragée pour être vraiment rongée par la haine. Je suivis distraitement l'histoire de la fuite de Momo, et l'annonce de sa mort ne me consola même pas. C'est à ce moment-là que, dieu seul sait pourquoi, Lhörn posa les yeux sur moi.

C'est toujours difficile de comprendre, avec le recul, comment on a aimé... Surtout quand on aime maintenant quelqu'un d'autre, avec autant de force... Je crois que j'avais simplement besoin de déposer les armes, pour un temps, et que Lhörn est arrivé au moment opportun. Il m'a proposé un soutien que je n'avais plus rencontré depuis la mort de mon père. Je l'ai accepté. J'en avais besoin.

Ce que j'appréciais le plus chez lui, c'est qu'il me comprenait. J'avais beau le repousser de toutes les manières possibles et imaginables, il revenait toujours, avec douceur, conscient de ce que j'étais réellement: Une petite fille qui souffrait en silence, dignement. La machette que l'on m'avait offerte était devenue une sorte d'exutoire: je ne m'en séparais plus.

J'aurais pu vivre longtemps comme cela, entre le silence désintéressé que j'adressais aux autres, et ces chamailleries incessantes avec Lhörn, mais Olfing me confia le commandement d'un groupe... Ne serait-ce que pour les rapports de production, être chef de groupe exige de faire usage de la parole. Je n'étais pas vraiment plus causante, mais au moins on entendait le son de ma voix, de temps en temps... Et diriger à nouveau un groupe me remplissait de fierté. Enfin, on me faisait confiance! Le mur de silence que j'avais soigneusement bâti autour de moi se fissurait un peu.

Mais bien souvent, je montais tout en haut du mirador, pour contempler ces routes qui allaient je ne savais où, et rêver que je les empruntais... Tout cela ne me suffisait pas, je n'étais pas à ma place, j'avais besoin de quelque chose de plus. Combien de projets de voyage n'ai-je pas fait... Peu m'importait de mourir de faim, dans le désert. Plutôt mourir libre que de vivre encroûtée dans une communauté qui n'était pas chez moi, voilà ce que je pensais. Mais j'étais fidèle à ceux qui m'avaient recueillies, et on avait besoin de mes qualités d'artisane... Je repoussais sans arrêt le départ.

C'est à Lhörn que je dois le changement majeur de mon comportement... Puisque c'est lui qui me confia, comme une plaisanterie, le poste de diplomate de Galdorane. Plutôt surprenant... ce qui l'était encore plus, c'est que tu ne me l'a pas repris quand tu redistribuas les autres postes.

S'il y a bien un job au monde qui exige de communiquer, c'est celui de diplomate.

J'ai toujours été consciencieuse dans mon travail. Je me mis à accueillir ceux qui circulaient sur le territoire, d'abord très laconiquement, puis petit à petit avec un réel plaisir. Je notais scrupuleusement les allées et venues, j'errais dans la communauté, heureuse de connaître le nom de chacun, leurs habitudes, leurs envies, leurs buts. C'est à ce moment-là aussi que j'ai commencé à m'intéresser à tous les potins colportés. Par simple curiosité au départ, puis presque avec passion.

Entretemps, Aryana était arrivée. Dès que je l'ai vue, je l'ai détestée. Elle représentait tout ce que je ne supportais pas: une espèce de petite dinde fondant en larmes à la moindre occasion, se plaignant de la difficulté de la vie alors qu'elle ne connaissait rien d'autre que l'existence paisible de Galdorane, minaudant par-ci, gémissant par-là... Une hystérique qui ne supportait pas la vue du sang et me prenait pour une espèce de brute sanguinaire.

Par un cheminement que je ne m'explique toujours pas, c'est devenu ma meilleure amie.

La vie l'a endurcie, et a arrondi mes angles. Nous étions les deux seules femmes de Galdorane, cela nous a rapproché contre notre gré. De lapsus en confidence, d'allusions en secrets épanchés, nous sommes devenues aussi proches que des soeurs. Quand elle me l'a dit, un soir, je ne me suis pas sentie capable de lui dire qu'elle avait raison... Je ne lui ai avoué qu'en quittant Galdorane.

Mais je m'égare, et je perds le fil de mes idées... J'étais diplomate, il y avait Aryana, et un métier qui me passionait. J'avais toutes les cartes en main pour changer réellement. Quelle idée a donc bien pu passer par la tête de Lhörn, pour qu'il me demande en mariage, ce soir-là? Pourtant la situation entre nous n'avait fait que s'empirer. Je ne supportais plus sa présence, et je pensais à le quitter depuis longtemps déjà. Je n'en trouvais simplement pas le courage.

Il y a peu d'attitudes plus brutales que de rompre le soir d'une demande en mariage. Mais je n'ai jamais été délicate. Je suis partie sans me retourner, comme à mon habitude. Comme si une nouvelle vie commençait pour moi. Dans le fond, c'était peut-être le cas.

La vie à Galdorane était déjà presque un rêve. Je donnais un coup de main pour l'administration de la cité, aux côtés d'Aryana, tout en conservait mon poste de diplomate et en dirigeant le groupe d'artisans. Mes longues soirées solitaires à contempler les routes furent bientôt remplacer par des nuits passées à la salle commune, à vider des bouteilles d'anisette avec les habitants ou les coursiers. Je veillais au bien-être de tous, les orientant vers d'autres cités, leur offrant un emploi adapté à ce qu'ils désiraient, un toit, une anisette pour la route... J'étais presque heureuse, oui. Même la déclaration de guerre des néo-bolcheviks ne parvint pas à assombrir mon humeur. C'était trop loin de moi, trop incertain, trop flou.

Je m'interromps... Je cherche un évènement, un déclic, quelque chose qui puisse me faire comprendre pourquoi je t'ai aimé. Je ne trouve rien. Comme si... comme si je m'étais réveillée un matin, en sachant soudain qu'il n'y avait plus que toi.

Bien entendu, cela ne s'est pas passé comme ça. Peut-être que tes souvenirs sont plus clairs. Est-ce que ça a tellement d'importance, au fond? Quand tu es parti pour Enaisha, je me rendais à peine compte que je t'aimais. Quand tu en es revenu, j'étais persuadée que rien d'autre ne comptait.

Pour une fois, j'avais raison.

Je me souviens... Avec le recul, c'était plutôt drôle, tout ce que nous avons pu faire ou dire pendant ton voyage. Durant les heures que je passais à parler avec Gouroux dans ma télé-phone, il m'arrivait de laisser échapper quelque chose qu'il saisissait parfois au bond, quand ton absence me pesait trop, quand tu avais été odieux avec moi, quand j'étais persuadée que jamais ce ne serait possible. Alors il me remontait le moral comme il savait si bien le faire, avec quelques mots anodins qui finalement disaient tout, et son "courage, mademoiselle" que j'aimais tant à entendre... Comme il me manque, à présent...

Quand il m'a proposé de poser pour son calendrier, j'ai sauté sur l'occasion. Je t'ai fourni la liste des modèles, quand tu m'en as parlé. J'ai piqué d'ignobles crises de jalousie... tout en sachant pertinemment bien que tu le faisais exprès. Et j'inventais toutes les imbécillités que je trouvais, en espérant que cela te fasse réagir. Bref, nous nous sommes cherchés longtemps... Enfin, disons plutôt que je t'ai cherché longtemps.

Tu es finalement revenu à Galdorane... et dans tes bras, j'ai commencé à vivre.
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Sardha

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MessageSujet: Re: Là où tu es   Là où tu es EmptyMer 15 Mar à 0:10

Si tu savais comme j'ai haï le monde, quand la réalité nous a rattrappé! Les messages de Gouroux étaient de moins en moins optimistes. De toutes mes forces, je voulais croire à sa survie, et je lui parlais pendant des heures de l'accueil que je lui réserverais, à Galdorane, des anisettes que j'allais lui servir, de l'ambiance de la salle commune, et de l'odeur de la plaine... La guerre grondait, de plus en plus proche. Les plans d'évacuation se succédaient, tous différents, les alarmes aussi... Dans l'indifférence quasi générale. Nous attendions quelque chose d'officiel, une décision irrévocable, un communiqué du Triumvirat, mais rien ne vint. Les affrontements restaient au Sud, et la menace de leur progression, une histoire pour se faire peur, le soir, avant de s'endormir.

Je n'essaie pas de dire que je ne l'ai pas prise au sérieux. Je l'attendais de pied ferme, cette guerre. Distraitement, tout d'abord, impatiemment ensuite, mais l'attente... c'était si long! Si loin! Le quotidien était le plus fort. Il y avait des procès à mener, des réserves à acheminer, des habitants à nourrir et tant de moments à vivre, encore.

Malgré la perspective de la guerre, tout était si parfait...

Puis un soir, brusquement, tu m'as demandé de partir. Cela faisait longtemps que l'on avait envisagé le déplacement de la force artisane sur New Napoli, et je savais que s'il fallait se battre, c'était là que tu irais. C'était une excuse merveilleuse pour te suivre. Comment aurais-je pu refuser?

Je te mentirais en disant que je ne l'ai pas regretté.

Galdorane... cette ville que j'avais appris à adorer, que j'avais faite mienne envers et contre tout. Ma ville. Ma maison. Il faisait nuit quand nous sommes partis, et je ne leur ai même pas dit au revoir, à tous... Je n'ai même pas refait le tour de ses murs. Je n'ai pas revu la salle commune une dernière fois, je ne suis pas montée en haut du mirador, je... Je suis partie sans me retourner, persuadée que ce serait temporaire. Persuadée que j'y reviendrais. Je me suis contentée de souhaiter bonne chance à Aryana, et de partir comme une voleuse, au volant du camion, sans me retourner. Tu te rends compte? Je ne me suis même pas retournée! Nous ne pouvions pas savoir...

Je suis la première à dire que ce n'étaient que des pierres, et qu'il faut préserver sauver des vies plutôt que des pierres. Mais Galdorane... Ca fait tellement mal.

L'arrivée à New Napoli a été un véritable dépaysement. De la ville adorée que j'aidais à administrer au mieux, à grands renforts de tournées d'anisette dans la salle commune, je passais à une cité froide, drapée dans son histoire et dans ses principes guerriers, fière de ses défenses mais muette au quotidien. Une ville où la zombification faisait des ravages. Dans ses rues silencieuses, des habitants mornes, au regard dur, ne parlent que de la guerre à venir et des sacrifices qu'elle réclame.

Même sans son usine, New Napoli est un camp de la mort. Un camp où l'on attend de mourir en pleine connaissance de cause, un camp où la vie est presque surnaturelle, et fait lever de grands yeux étonnés aux napolitains, peu habitués à tant de mouvement.

Je hais cette ville et ces soldats, sa soit-disant bonne volonté, le sang qu'elle attend de voir couler et les principes derrière lesquels elle se camoufle. Je hais sa rancoeur.

Elle restera toujours le lieu où j'ai appris la mort de Gouroux.

Quelques heures auparavant je lui parlais, comme tous les soirs... tous les soirs depuis des lunes et des lunes! Et au détour de la conversation, Malvina qui porte un toast à sa mémoire... Il est impossible que tu puisses imaginer tout ce qu'il était pour moi. Depuis que j'avais fait sa connaissance, il avait toujours été là. C'est lui qui croyait en moi quand je n'en avais plus le courage. Lui qui me forçait à aller de l'avant quand tout me paraissait trop difficile. Il me faisait rire, il m'écoutait, il me racontait sa vie, et bien d'autres bêtises... Tous ces moments passés avec lui, seulement reliés par notre télé-phone, tant de fous rires et de promesses! En fin de compte, jamais je ne l'aurai rencontré. Jamais il ne saura le goût que peut avoir une anisette. En apprenant sa mort, c'est une partie de mon monde qui s'est écroulé. Et c'était la première fois depuis longtemps, très longtemps, que je pleurais vraiment.

Depuis, Galdorane a brûlé. Aryana est partie pour l'Oasis, avec Snake. Je ne verrai jamais Kiruna. Des gens y sont morts.

Tout ça pour te dire... te dire quoi, au juste? Maintenant, tu sais tout, ou du moins l'essentiel. Parfois je me dis que j'ai peut-être traversé tout ça pour arriver jusqu'à toi, au fond. Et tout de suite après, je me déteste d'avoir des idées de pintade, bien sûr, mais le fait est là.

Malgré tout, je suis avec toi, et c'est tout ce qui m'importe. Alors emmène-moi où tu le souhaites, mon amour. New Napoli, l'Oasis, le Sud ou l'Est, je m'en fiche. Tu restes la seule constante de ma vie, tout ce pour quoi j'ai envie de me battre et de survivre, les rêves que je nous construis et dont je n'ose rien te dire.

Je ne suis pas toujours très démonstrative... Non pas parce que je n'en ai pas envie, mais parce que je ne veux pas t'étouffer. Je fais de mon mieux pour ne pas être envahissante. Après tout, si tu savais, à quel point je t'aime, peut-être que tu prendrais peur! Mais sache qu'il n'est pas une seule journée sans toi qui vaille la peine d'être vécue, quelle qu'en soit la raison. Que tout ce que je fais, j'aimerais le faire pour nous. Que je n'ai de vie qu'à tes côtés.

Je m'arrête là. Ce n'est pas la peine de s'appesantir là-dessus.

Fais de moi ce que tu veux, prends tout ce qui t'intéresse. Je t'aime. Là où tu es, je suis aussi, éternellement.
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Sardha

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MessageSujet: Re: Là où tu es   Là où tu es EmptyMer 15 Mar à 4:54

[HRP]Et la deuxième partie, sponsorisée par les éditions Harlequin, en partenariat avec Kleenex... On ne se moque pas, bande d'enfoirés sans coeurs!

Ca fait si mal... Si mal...

Je me noie de souvenirs.

Je me souviens de notre arrivée à l'Oasis, mon amour. De ce séjour dans cette ville chaleureuse, la ville de Rob et d'Amertine, notre arrivée tonitruante en plein hiver, quand Snake avait décidé de tester la piscine malgré la température glaciale... J'ai aimé notre séjour entre leurs murs, mais je piétinais d'impatience. Tu m'avais dit que nous allions partir fonder notre ville. Loin de la guerre, du tumulte de ces idéaux politiques dérisoires... Je t'aurais suivi n'importe où.

En attendant, j'ai repris la direction d'un groupe d'artisanat, un groupe qui ne faisait pas que des munitions, comme à New Napoli où le souffre s'accumulait chaque jour un peu plus sous mes pieds. Non, je dressais des chevaux. Moi qui les détestais tant... Curieux, que ces animaux me fassent peur, non? Je n'ai pourtant pas pour habitude d'être effrayée par quoi que ce soit. Mais le fait est là, les chevaux me terrorrisent, nous nous méprisons mutuellement: ce séjour à l'Oasis fut entremêlé de coups bas entre les carnes et moi. Vus les noms dont je les affublais, avec le recul je me dis qu'elles devaient me comprendre... Sale Gueule, Steak, Bourrin, Vieille Carne, j'en passe, et des plus créatives... Je retrouvais le rythme de travail paisible qui était le mien avant l'arrivée des armées et la précipitation de nos voyages. Je crois me souvenir d'une déclaration de neutralité de Jet Black, mais je tendais trop vers notre départ pour y attacher une importance démesurée. Nous allions rebâtir, ailleurs, nos rêves détruits.

Quand l'Oasis Plage fut reconstruite, et la jonque prête, je fis mes rapides adieux à la ville, et partis le coeur léger. Un cauchemar, cette traversée en jonque... Les journées qui s'éternisaient, ce vent qui ne soufflait pas, et l'ambiance morne, après l'agitation des dernières saisons... Le temps s'était arrêté. Je passais des heures accoudée au bastingage, à parler techniques de chasse avec Neshi, mon nouveau complice. J'adore Neshi, tu le sais. J'aime le taquiner sans arrêt, le provoquer délibérément, le mettre dans des situations incongrues, tout ça parce que je sais qu'il m'apprécie aussi, et qu'il me rend la pareille sans jamais se fâcher. Qu'il me rendait. J'ai un peu de mal, ce soir, avec l'imparfait et le présent, ne m'en veux pas...

Mais pas avec le futur, mon amour. Je sais ce qu'il en est de lui.

Tu te souviens de la jonque, pas vrai? Cette partie de fléchettes que tu avais organisée? Et le jour où le sac des grenouilles que j'avais capturées avec Neshi s'est ouvert, laissant Aryana complètement paniquée, en équilibre sur un tonneau? C'était long, oui, trop long, mais nous étions enfin ensemble, tous. Malgré nos caractères si différents, nos origines et nos histoires, je crois que tous, nous nous aimons. Aimions. Aimons? Je ne sais plus.

Tu as si froid...

L'arrivée à Ocre-Lune m'a quelque peu déstabilisée, je l'avoue. J'avais déjà eu la chance de croiser très brièvement Eowin et Erik à Galdorane, bien sûr, mais ce qui me fascinait - plus que les planches de surf d'Ethaniel - c'était son ventre de mère... Je me souviens de ton regard sur elle, tu avais demandé d'un air inquiet si elle resterait toujours comme ça, dorénavant... Crétin. Comme je t'aime. Tu as dû partir si vite, rejoindre Pol qui avait posé la première pierre d'El-Gandjah, je n'ai presque pas eu le temps de me serrer dans tes bras, dans le paysage idyllique de cette communauté... J'ai repris une fois de plus le chemin des écuries, dressant quelques chevaux pour nous et nos amis, me faisant violence pour ne pas tout laisser là et te rejoindre à pied... Puisque l'heure viendrait forcément où je te retrouverais.

Je ne peux pas dire que j'aie assisté à l'accouchement d'Eo... J'étais trop solitaire, renfermée sur moi-même, cochant les jours qui me séparaient de toi... Je ne te l'avais jamais dit, pas vrai? Je cochais les jours. Une croix rouge, chaque matin. Je me sentais ridicule, encore, je n'en avais jamais parlé. J'avoue que mes suites de croix rouges m'intéressaient plus que le vacarme causé par l'accouchement. Tu sais d'ailleurs que je trouvais les petites très laides... ces deux petites choses rouges et braillardes sur lesquelles tout le monde s'extasiait de concert! Mais, surtout... le regard d'Erik pour Eowin, ce soir-là... Malgré les cris et la souffrance, malgré ces minuscules créatures hystériques, j'aurais aimé être à sa place. Pour que toi aussi, tu me regardes de cette façon.

Etrange, non? Puisque nous n'avons jamais voulu d'enfants... Mais ce regard-là, mon amour... J'aurais tant aimé.

Maintenant je sais aussi... que ça n'arrivera pas. De toute façon, nous ne le voulons pas. Voulions. Nous ne le voulions pas.

L'imparfait n'a jamais aussi bien porté son nom. J'ai mal, Ikks... Cela ne te fait donc rien de me voir comme ça? Pourquoi est-ce que tu me laisses ici? Tu m'avais dit un jour, à New Napoli "Tout n'est pas si noir dans ce monde: il y a toi et moi". Et maintenant, mon amour? Et maintenant?

Tu m'avais dit que tu ne m'abandonnerais jamais. Que tu n'irais nulle part sans moi. Où est-ce que tu es? Pourquoi tu ne sèches pas mes larmes? Pourquoi est-ce que tu ne te moques pas de moi? Qu'est-ce que j'ai fait? C'est de ma faute? Qu'aurais-je dû faire? Je n'ai jamais demandé qu'à être avec toi. Je n'ai jamais rien demandé de plus. Pourquoi est-ce que tu ne refermes pas tes bras autour de moi? Tes mains sont faites pour être sur moi, pas inertes, pas comme ça, Ikks, je t'en prie...

Regarde-moi, je sanglote encore comme une idiote, maintenant. Tu peux être fier de ce que tu me fais.

Tu te souviens, quand je suis arrivée à El-Gandjah, après ces lunes de séparation? Tu m'avais tellement manqué. J'ai regardé les falaises, les tentes éparses, ton sourire, et j'ai décidé de vivre et mourir ici avec toi. J'ai décidé que ce serait ici que nous serions heureux, et que plus rien ne compromettrait cela. Que je me battrais pour nous, pour que nous puissions avoir cette chance. J'ai retroussé mes manches, j'ai pris le poste de diplomate que tu m'avais destiné, et je me suis mise à l'ouvrage avec le sourire. Les longues expéditions avec Neshi, les échanges commerciaux auxquels je ne comprenais généralement rien, ces longues soirées entre amis, à se contenter de rire pendant des heures à des bêtises... C'était notre vie. Comme j'étais heureuse!

Bien sûr, je gueulais encore sur ceux qui étaient trop lents ou rechignaient à la tâche, bien sûr mon éternelle machette ne quittait pas ma main, volant de temps à temps vers la tête de l'un ou de l'autre (tu te souviens?) mais je les aimais tous. Tous. Même Liv et Gwen, les néo-bolchéviks que nous avons accueillis après la guerre. Même Maylis, pourtant arrivée si tard, Bob Afet, Tiger, tous! Nous sommes devenus des Gandjis, chamailleurs, grandes gueules, un peu portés sur la bouteille, mais un sourire éternel aux lèvres, et cet éclat dans les yeux qu'on ne trouve que chez ceux qui savent ce qu'est le bonheur.

Je fais du sentimentalisme primaire, hein? Je sais bien. Avec mes phrases maladroites, mes mots mal choisis, je n'arrive pas à te faire comprendre... Pourtant tu le sais, mon amour, pas vrai? Que tout cela aurait pu durer toujours...

Que tout cela aurait pu...

Ikks. J'ai bâti ma vie en fonction de tes regards et de tes mots. J'ai construit mes journées pour me blottir le plus souvent possible dans tes bras. J'ai organisé chaque minute pour que nous puissions nous aimer. Je cherchais le moindre prétexte pour entendre le son de ta voix. Tout cela me suffisait. Je ne demandais rien de plus. Juste pouvoir me réveiller à tes côtés, chaque matin. J'aimais même tes silences. Bon sang, ce que c'est con... j'aime même tes silences.

Mais pas celui-ci. Celui-ci est horrible, horrible... Je t'en prie... Que veux-tu, pour que je puisse t'entendre à nouveau? Que faut-il que je donne? Je donnerai tout, tout, je te le jure!

Allons. L'aube vient. Je n'ai encore enterré personne, à rester blottie contre toi comme cela. A te raconter une vie que tu connais. On dirait que je n'ai vraiment rien d'autre à faire. C'est bientôt fini pourtant, je le sais. Aurions-nous dû refuser de reprendre BT? Est-ce que cela vient de là? Notre ville aurait été mieux défendue, et... Non, je suis bête. C'est moi qui aurais dû accepter de partir, de les suivre avec toi. Nous serions partis tous les deux. Je t'ai sacrifié pour des pierres. C'est pour ça que tu ne réponds pas? Tu sais que c'est de ma faute? Je ne préfère pas cette ville à toi... Rien n'existe sans toi, tu le sais très bien. Qu'est-ce que tu veux, pour revenir? Je suis toute seule... Je te donnerai tout. Tout.

Mon amour, je t'en prie... L'aube vient. Tu as ce pouvoir, toi, de faire que tout cela n'ait été qu'un cauchemar inhumain. Je suis sûre que si tu le veux vraiment, tu peux me revenir. Si tu vois à quel point j'ai mal, à quel point tu me manques déjà, à quel point je suis morte aussi, sans toi... Ne laisse pas la radio grésiller, et le désert m'apporter ses murmures de compassion. Ne laisse pas le jour me voler le peu d'espoir qu'il me reste, Ikks, je t'en supplie... Je n'ai de vie qu'à tes côtés. Reviens... Ca ne peut pas être vrai. Tu ne peux pas être aussi indifférent. Tu ne me vois donc pas? Tu ne sens pas mes larmes glisser le long de ton cou? Et ma voix? Tu n'entends pas ma voix, Ikks?

Referme tes bras autour de moi... Fais que tout cela s'arrête. Je t'aime, Ikks. Cela ne suffit donc pas, en fin de compte?

Tu es vraiment bien sûr de ne pas vouloir me sourire, ce matin?
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